Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 1, 1870.djvu/61

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à Québec cette année cinquante-cinq personnes, tant hommes que femmes et enfants, «sans comprendre les habitants du pays.» Sur ce nombre, il n’y avait que dix-huit ouvriers. Il en fallait plus de la moitié pour les travaux du cap Tourmente ; l’habitation de Québec n’était point achevée. La compagnie et M. de Caen avaient promis dix hommes pour faire travailler au fort ; mais, pour eux, l’habitation devait passer avant tout, et Champlain se vit réduit à ne pouvoir employer aux fortifications que les hommes qui étaient pour ainsi dire de reste.

«Je jugeai dès lors, dit l’auteur, que la plus grande part des associés ne s’en souciaient beaucoup, pourvu qu’on leur donnât d’intérêt les quarante pour cent.» Il en dit son sentiment à M. de la Raide, qui se trouvait lié par ses engagements ; «c’est en un mot, ajoute-t-il, que ceux qui gouvernent la bourse font et défont comme ils veulent.» Il en écrivit au vice-roi, et, en attendant, il continua d’employer au fort tous les hommes dont il put disposer, sans toutefois négliger l’habitation.


Quelque temps après le départ des vaisseaux, deux français, Henri, domestique de Madame Hébert, et un autre nommé Dumoulin, auxquels Champlain avait donné commission d’amener par terre quelques bestiaux du cap Tourmente, furent lâchement assassinés par un montagnais à qui l’on avait refusé un morceau de pain. Un semblable meurtre avait été commis vers le cap Tourmente quelques années auparavant, sans qu’on eût pu faire justice rigoureuse.