croyent l’immortalité des ames & diſent qu’ils vont ſe reſiouïr en d’autres pays auec leurs parents & amis, quand ils ſont morts.
Riuiere du Saguenay & ſon origine.
CHAPITRE IV.
E 11. iour de Iuin, ie fus à quelques douze ou quinze lieuës dans le Saguenay, qui eſt vne belle riuiere, & a vne profondeur incroyable : car ie croy, ſelon que i’ay entendu deuiſer d’où elle procede, que c’eſt d’vn lieu fort hault, d’où il deſcend vn torrent d’eau[1] d’vne grande impetuoſité ; mais l’eau qui en procede n’eſt point capable de faire vn tel fleuue comme celuy-là, qui neantmoins ne tient que depuis cedict torrent d’eau, où eſt le premier ſault, iuſques au port de Tadouſac, qui eſt l’entrée de la ditte riuiere du Saguenay, où il y a quelques quarante-cinq ou cinquante lieues, & vne bonne lieuë & demye de large au plus, & vn quart au plus eſtroict ; qui faict qu’il y a grand courant d’eau. Toute la terre que i’ay veu, ce ne ſont que montaignes de rochers la pluſpart couuertes de bois de ſapins, cyprez & boulle, terre fort malplaiſante, où ie n’ay point trouué vne lieuë de terre plaine tant d’vn coſté que d’autre. Il y a quelques montagnes de ſable & iſles en laditte riuiere, qui
- ↑ On serait porté à croire d’abord qu’il est ici question de la Décharge du lac Saint-Jean ; mais le contexte indique assez que les sauvages lui ont décrit la route ordinaire des voyageurs, c’est-à-dire, la rivière Chicoutimi, les lacs Kinogomi, Kinogomichiche et la Belle-Rivière ; et alors il est tout naturel que Champlain n’ait pas trouvé de proportion entre la Décharge et le Saguenay.