Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/45

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les ſauuages diſent qu’à quelques quinze lieuës d’où nous auions eſté, il y a vn ſault[1] qui vient de fort hault, où ils portent leurs canots pour le paſſer enuiron vn quart de lieuë, & entrent dedans vn lac[2], où à l’entrée il y a trois iſles, & eſtans dedans, ils en rencontrent encores quelques vnes. Il peut contenir quelques quarante ou cinquante lieuës de long, & de large quelques vingt-cinq lieuës, dans lequel deſcendent quantité de riuieres, iuſques au nombre de dix, leſquelles portent canots allez auant. Puis, venant à la fin dudict lac, il y a vn autre ſault, & rentrent dedans vn autre lac[3], qui eſt de la grandeur dudict premier[4], au bout duquel ſont cabannez les Iroquois. Ils diſent auſſi qu’il y a vne riuiere[5] qui va rendre à la coſte de la Floride, d’où il y peut aueoir dudict dernier lac quelques cent ou cent quarante lieuës. Tout le pays des Iroquois eſt quelque peu montagneux, neantmoins païs très bon, temperé, ſans beaucoup d’hyuer, que fort peu.

  1. Le rapide de Chambly.
  2. Champlain découvrit lui-même ce lac six ans plus tard, et lui donna son nom.
  3. Les Iroquois l’appelaient Andiatarocté (là où le lac se ferme). Le P. Jogues le nomma Saint-Sacrement en 1646 ; il est connu aujourd’hui sous le nom de lac George.
  4. Les Sauvages qui donnaient à Champlain ces renseignements s’étaient exagéré la grandeur de ce lac ; car le lac Champlain a quarante lieues de long, et le lac George n’en a que onze.
  5. L’Hudson, qui a à peu près cent vingt lieues de long. C’était en effet la meilleure route à suivre pour aller à la côte de la Floride, qui alors était regardée comme voisine du Canada.