puiſſance, beaucoup aduancer ; toutesfois nous paſſaſmes laditte iſle qui eſt à l’entrée dudict ſault. Voyant que nous ne pouuions auancer, nous vinſmes nous mouiller l’ancre à la bande du Nort, contre vne petite iſle[1] qui eſt fertille en la pluſpart des fruicts que i’ay dict cy-deſſus. Nous appareillaſmes auſſi toſt noſtre eſquif, que l’on auoit fait faire exprès pour paſſer ledict ſault, dans lequel nous entraſmes ledict Sieur du Pont & moy, auec quelques autres ſauuages que nous auions menez pour nous montrer le chemin. Partant de noſtre barque, nous ne fuſmes pas à trois cens pas, qu’il nous fallut deſcendre, & quelques matelots ſe mettre à l’eau pour paſſer noſtre eſquif. Le canot des ſauuages paſſoit ayſément. Nous rencontraſmes vne infinité de petits rochers, qui eſtoient à fleur d’eau, où nous touſchions ſouuentes fois.
Il y a deux grandes iſles : vne du coſté du Nort[2], laquelle contient quelques quinze lieuës de long, & preſque autant de large, commence à quelque douze lieuës dans la riuiere de Canada, allant vers la riuiere des Iroquois, & vient tomber par delà le Sault ; l’iſle qui eſt à la bande du Su a quelques quatre lieuës de long, & demye de large[3]. Il y a encore vne autre iſle[4] qui eſt proche de celle du Nort, laquelle peut tenir quelque demye lieuë de long, & vn quart de large, & vne autre petite iſle, qui
- ↑ Cette petite île, située dans le port de Montréal, est maintenant réunie à la terre ferme par des quais.
- ↑ Il paraît bien évident que Champlain veut ici parler de l’île de Montréal, qui cependant n’a que dix lieues de long, et environ trois lieues de large.
- ↑ L’île Perrot, qui n’a pas tout à fait les dimensions que lui donne l’auteur, est située rigoureusement au sud de l’île de Montréal.
- ↑ L’île Saint-Paul.