Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/50

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vne lieuë. Il y a force rochers de large, & enuiron le millieu, il y a des iſles qui ſont fort eſtroittes & fort longues, où il y a ſault tant du coſté deſdittes iſles qui ſont au Su, comme du coſté du Nort, où il fait ſi dangereux, qu’il eſt hors de la puiſſance d’homme d’y paſſer par bateau, pour petit qu’il ſoit. Nous fuſmes par terre dans les bois, pour en veoir la fin, où il y a vne lieuë, & où l’on ne voit plus de rochers, ny de ſaults ; mais l’eau y va ſi viſte, qu’il eſt impoſſible de plus ; & ce courant contient quelques trois ou quatre lieuës ; de façon que c’eſt en vain de s’imaginer que l’on peuſt faire paſſer aucuns bateaux par leſdicts ſaults. Mais qui les voudroit paſſer, il ſe faudroit accommoder des canots des ſauuages, qu’vn homme peut porter aiſément : car de porter bateau, c’eſt choſe laquelle ne ſe peut faire en ſi bref temps comme il le faudroit pour pouuoir s’en retourner en France, ſi l’on y hyuernoit. Et en outre ce ſault premier, il y en a dix autres, la plus part difficiles à paſſer ; de façon que ce ſeroit de grandes peines & trauaux pour pouuoir voir & faire ce que l’on pourroit ſe promettre par bateau, ſi ce n’eſtoit à grand frais & deſpens, & encore en danger de trauailler en vain. Mais auec les canots des ſauuages l’on peut aller librement & promptement en toutes les terres, tant aux petites riuieres comme aux grandes. Si bien qu’en ſe gouuernant par le moyen deſdicts ſauuages & de leurs canots, l’on pourra veoir tout ce qui ſe peut, bon & mauuais, dans vn an ou deux.

Tout ce peu de païs du coſté dudict ſault que nous trauerſaſmes par terre, eſt bois fort clair, où l’on peut aller ayſement auecque armes, ſans beaucoup de