Page:Champlain - Oeuvres de Champlain publiées sous le patronage de l'Université Laval, Tome 2, 1870.djvu/57

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autres ſaults, qui peuuent contenir du premier au dernier quelques vingt à vingt-cinq lieuës, où il n’y a que deux deſdicts ſaults qu’ils paſſent auec leurs canots ; aux autres trois ils ne les font que trainer. Delà ils entrent dedans vn grandiſſime lac qui peut contenir quelques trois cents lieuës de long[1]. Aduançant quelque cent lieuës dedans ledict lac, ils rencontrent vne iſle qui eſt fort grande, où, audelà de ladicte iſle, l’eau eſt ſalubre ; mais que paſſant quelques cent lieuës plus auant, l’eau eſt encore plus mauuaiſe ; arriuant à la fin dudict lac, l’eau eſt du tout ſalée. Qu’il y a vn ſault qui peut contenir vne lieuë de large, d’où il deſcend vn grandiſſime courant d’eau dans le dict lac[2] ; que paſſé ce ſault, on ne voit plus de terre ny d’vn coſté, ne d’autre, ſinon vne mer ſi grande qu’ils n’en n’ont point veu la fin, ny ouy dire qu’aucun l’aye veu. Que le ſoleil ſe couche à main droite dudict lac, & qu’à ſon entrée il y a vne riuiere qui va aux Algoumequins, & l’autre aux Irocois, par où ils ſe font la guerre. Que la terre des Irocois eſt quelque peu montaigneuſe, neantmoins fort fertile, où il y a quantité de bled d’Inde, & autres fruicts qu’ils n’ont point en leur terre. Que la terre des Algoumequins eſt baſſe & fertile.

Ie leur demandis s’ils n’auoient point cognoiſſance de quelques mines. Ils nous dirent qu’il y a vne nation qu’on appelle les bons Irocois[3], qui viennent pour troquer des marchandiſes que les vaiſſeaux fran-

  1. Quelque trois cents lieues de tour, et encore ce serait beaucoup.
  2. Malgré les inexactitudes qui précèdent, on ne peut s’empêcher de reconnaître ici la chute de Niagara.
  3. Les bons Iroquois étaient sans doute les Hurons, qui parlaient un dialecte de la même langue.