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La population véritablement hellénique est descendue du Nord, et la civilisation lui vint ensuite du Midi, importée par des étrangers que des circonstances politiques expulsaient des contrées orientales de l’ancien monde. C’est là le résumé des documents historiques transmis par les Grecs eux-mêmes sur leurs temps primitifs : c’est donc dans l’Orient qu’il faut chercher les origines helléniques ; et l’archéologie, pénétrée de cette vérité, proclame d’abord la sublime perfection et l’incomparable supériorité des arts de la Grèce antique. Mais voulant aussi connaître le véritable point de départ et toutes les transmigrations des arts et des sciences, elle porte déjà ses regards sur les monuments primitifs des nations orientales occupant la scène de l’ancien monde, et ayant opéré de grandes choses avant que, le premier, le nom des Hellènes sortit brillant de gloire de la profonde obscurité qui, pendant tant de siècles, enveloppa, sans exception, tous les peuples de l’Occident.

On voit ainsi s’étendre nécessairement le domaine de l’archéologie ; cette science, par suite de longs travaux, est parvenue au point où un dernier effort complétant la connaissance des faits embrassés par ses limites, elle pourra déduire avec sûreté toutes les conséquences de ces mêmes faits bien présentés, et fonder enfin un corps de doctrine sur l’origine ou la transmission des idées sociales et les variations du principe des arts, signes permanents et si expressifs de l’avancement ou de la décadence des peuples.

Les historiens affirment que les introducteurs des premières formes de civilisation, un peu avancées, parmi les peuplades helléniques de l’Argolide et de l’Attique, furent des hommes venus par mer des rivages de l’Égypte ; que, dès ce moment, l’Égypte devint une école où allèrent s’instruire les législateurs de la Grèce, les réformateurs de son culte et surtout les Hellènes d’Europe ou d’Asie, qui hâtèrent le développement de la société grecque, en propageant d’abord, par leur exemple, l’étude des sciences, de l’histoire et de la philosophie. C’est donc par une connaissance approfondie des monuments de l’Égypte, en constatant surtout, par l’évidence des faits, l’antiquité de la civilisation sur les bords du Nil, antérieurement même à l’existence politique des Grecs, et de plus les relations nombreuses de la Grèce naissante avec l’Égypte déjà vieille, que l’on remontera à l’origine des arts de la Grèce, à la source d’une grande partie de ses croyances religieuses et des formes extérieures de son culte.

L’archéologie s’est depuis long-temps pénétrée de l’importance de tels résultats ; mais deux causes principales retardèrent indéfiniment les