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Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/53

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Quelques autres changemens que les Arabes firent subir aux noms égyptiens, eurent pour cause la nature même de leur langue, et les règles d’euphonie qu’ils s’étaient faites. C’est par ces motifs qu’ils retranchaient très-souvent les finales des mots, sur-tout lorsqu’ils étaient terminés par des voyelles.

Il est encore une observation bien importante à faire : les Arabes ont ajouté, par euphonie, un A (Alif) au commencement de tous les noms égyptiens qu’ils ont conservés ; tels sont, par exemple, Abousir, Athfihh, Akhmim, Asna, Asouan ou Osouan, et un grand nombre d’autres.

Les Orientaux, et plus particulièrement les Arabes, font usage de cette addition d’un a initial pour les mots qu’ils empruntent d’une langue étrangère. C’est ainsi, comme l’observe très-bien M. Sylvestre de Sacy[1], qu’ils ont fait subir cette modification aux mots grecs χλιμα, σ‌τομα, qu’ils écrivent Aklim et Astoum[2]. Cet usage des Arabes, constaté par beaucoup d’exemples, empêche de croire que l’Alif ajouté au commencement des noms des villes de l’Égypte, remplace l’article égyptien indéfini ⲟⲩ, ou,

  1. Lettre au citoyen Chaptal, sur le Texte égyptien de l’Inscription de Rosette, pages 15 et 16.
  2. Les Arabes prononcent ces deux mots Iklim et Ostoum. Nous les avons orthographiés comme ils les écrivent, pour mieux faire sentir l’addition qu’ils y ont faite.