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première lettre.

encore, que de pures décorations architecturales, ou même n’appartenaient véritablement à l’Égypte que par la matière seule dont ils étaient formés ?

L’ensemble des statues égyptiennes provenant de la collection Drovetti, prouve surtout, contre l’opinion générale, que les artistes égyptiens ne furent point tenus d’imiter servilement un petit nombre de types primitifs, en donnant aux personnages qu’ils devaient représenter, soit dieux, soit simples mortels, cette figure de convention et toujours la même, dont il a plu à un examen superficiel de supposer l’existence obligée.

Il est vrai que les poses de ces statues sont peu variées, qu’elles conservent toutes une attitude simple et sévère : cela tenait sans doute, ou à la nature du pays dont le climat ardent fait, du calme et du repos, le premier besoin et l’état habituel des individus, ou mieux encore à la destination même de ces statues qui, presque toutes exécutées pour décorer la façade d’un temple, les péristyles ou les propylées d’un palais, devaient nécessairement, par des posa régulières, se trouver en harmonie avec les masses de l’édifice, sans en troubler les grandes et majestueuses lignes par des mouvements trop prononcés.

Mais si, dégagés de toute prévention trop exclusive en faveur de l’art grec, nous mettons à l’épreuve les préceptes de Winckelmann par un exa-