Page:Champollion - Lettres écrites d’Égypte et de Nubie en 1828 et 1829.djvu/252

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pleine décomposition, offrant presque toutes de larges fentes occasionnées soit par l’extrême chaleur, soit par des éboulements intérieurs, et dont les croupes sont parsemées de bandes noires, comme si elles eussent été brûlées en partie ; aucun animal vivant ne fréquente cette vallée de mort : je ne compte point les mouches, les renards, les loups et les hyènes, parce que c’est notre séjour dans les tombeaux et l’odeur de notre cuisine qui avaient attiré ces quatre espèces affamées.

En entrant dans la partie la plus reculée de cette vallée, par une ouverture étroite évidemment faite de main d’homme, et offrant encore quelques légers restes de sculptures égyptiennes, on voit bientôt au pied des montagnes, ou sur les pentes, des portes carrées, encombrées pour la plupart, et dont il faut approcher pour apercevoir la décoration : ces portes, qui se ressemblent toutes, donnent entrée dans les tombeaux des rois. Chaque tombeau a la sienne, car jadis aucun ne communiquait avec l’autre ; ils étaient tous isolés : ce sont les chercheurs de trésors, anciens ou modernes, qui ont établi quelques communications forcées.

Il me tardait, en arrivant à Biban-el-Molouk, de m’assurer que ces tombeaux, au nombre de seize (je ne parle ici que des tombeaux conser-