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figurées sur les grands monuments. L’ornement peint en jaune et qui se termine par un disque aplati orné de fleurons, est un contre-poids ou agrafe de collier, lequel retombait entre les deux épaules comme on peut le voir sur la planche numérotée 17 (B) ; elle représente la déesse Hathôr tenant aussi dans ses mains l’autre espèce de collier peint en verd et figuré au bas du piédestal qui soutient la seconde tête emblématique.

Ces objets de parure démontrent en même temps que, dans les idées égyptiennes, la déesse Hathôr présidait à la beauté et à la toilette ainsi que l’Aphrodite grecque et la Vénus des Romains ; et c’est ici le lieu de remarquer, en effet, que la plupart des colliers de femmes trouvés dans les tombeaux égyptiens, consistent en de très-petits amulettes de terre émaillée, d’émail pur, de porcelaine, de cornaline ou d’autres pierres dures, représentant d’un côté des animaux différents ou des fleurs en relief, et presque toujours de l’autre, la tête symbolique de la déesse Hathôr, gravée en creux et entourée d’uræus ou de feuillages diversifiés.

Les emblêmes de la déesse représentés sur la stèle que nous publions ici, sont très-multipliés dans les temples spécialement consacrés à Hathôr, tels que le grand temple de Dendéra, celui de Philæ, et les petits temples d’Ombos et du sud au Memnonium.

C’est la première de ces têtes symboliques qui forme les chapiteaux des colonnes de tous ces édifices et des pilastres du temple du Memnonium[1], et les chapiteaux du petit appartement construit sur la plate forme du grand temple de Dendéra et dans lequel existait le zodiaque circulaire[2]. On la retrouve enfin dans les décorations des portes, des corniches, des entre-colonnements, et sur une foule de bas-reliefs : tantôt surmontée du disque et des cornes de vache, comme déesse nourricière, tantôt flanquée d’uræus ornés des coiffures qui expriment la domination sur les régions d’en haut et les régions d’en bas[3] ; et presque habituellement cette tête pose sur le caractère symbolique exprimant l’idée or et splendeur ; ce qui rappelle involontairement l’idée de la χρυσῆς Ἀφροδίτης (Veneris aureæ) d’Homère.

  1. Description de l’Égypte, A., vol. II, pl. 34, nos 7 et 8.
  2. Description de l’Égypte, A., vol. IV, pl. 11, nos 1 et 2.
  3. Description del’Égypte, A., vol. II, pl. 34 ; vol. IV, pl. 13, nos 1 et 3 ; pl. 15, pl. 17 ; pl. 22, no 1 ; pl. 25, nos 1 et 2, etc., etc.