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Rituel funéraire, le dieu Phré-Atmou est appelé le germe des autres grands dieux, ou le germe mâle des autres dieux grands[1] : une telle qualification dénote à elle seule l’importance de ce double personnage mythique.

On rencontre souvent parmi les objets tirés des catacombes de l’Égypte, de petites pyramides en pierre calcaire ou en granit, dont les quatre faces, chargées de sculpture, reproduisent toujours, à très-peu de chose près, les mêmes scènes ; toutes sont évidemment relatives au Soleil et à son culte : l’une des faces offre l’image en pied du dieu Phré hiéracocéphale ou celle de son épervier symbolique portant le disque au-dessus de sa tête ; sur la suivante est le dieu Atmou, sous forme humaine, coiffé du pschent ; la troisième représente le scarabée à ailes arrondies éployées, symbole constant du dieu Thoré ; et sur la quatrième face se voit l’image de l’adorateur, souvent accompagné de plusieurs membres de sa famille, élevant ses bras suppliants vers la face sur laquelle est sculptée l’image de Phré, circonstance démontrant que celle-ci est bien la face initiale du monument, celle qui présente en effet la forme première du Dieu-Soleil. Ces pyramides réunissent ainsi, dans une même adoration, toutes les formes symboliques du Soleil ; savoir, Phré, Atmou et Thoré ; ce dernier, considéré cosmologiquement, n’est encore qu’une forme du même dieu : la plupart des tableaux et des stèles d’adoration au Soleil ajoutent constamment en effet le nom de Thoré à ceux de Phré et d’Atmou.

La seconde forme divine du Soleil, Atmou, en sa qualité de recteur des régions inférieures, était supposé exercer une influence directe sur la terre et ses habitants. Les rois lui payaient en particulier un tribut constant d’adorations et d’hommages, et les grands monuments témoignent de ces actes de piété des pharaons par les titres mêmes que prennent ces princes dans les inscriptions qui les décorent. Sur l’obélisque occidental de Louqsor, le pharaon Ramsès II est qualifié de roi deux fois aimable, comme Atmou. Le titre chéri d’Atmou a été donné à Ramsès Sesostris, dans l’inscription qui décore la face occidentale du magnifique obélisque de la porte du Peuple à Rome ; sur l’obélisque du Panthéon, le pharaon Apriès ou Ouaphré est traité de bien aimé d’Atmou dieu grand qui réside dans la contrée de la vie ; l’obélisque de Saint-Jean de Latran, celui de Florence et celui de Monte-Citorio, honorent d’un titre analogue les anciens rois Mandouei, Ramsès Sésostris et Psammé--

  1. Rituels funéraires hiératiques et hiéroglyphiques des Musées de Paris et de Turin.