Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/151

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tichus Ier. Le pouvoir royal fut mis sous la protection immédiate d’Atmou, qui accordait un long règne aux souverains qu’il voulait favoriser : c’est ce que l’on peut induire naturellement des titres de chef des attributions royales comme Atmou, et de roi possesseur des années comme Atmou, que prend Ramsès Sesostris sur deux monuments très-remarquables[1] ; une même induction doit résulter encore mieux du titre royal modérateur des modérateurs engendrés d’Atmou, donné à Ramsès II sur l’un des obélisques de Louqsor. On en doit conclure que les rois eux-mêmes furent mystiquement regardés comme des enfants d’Atmou, dont ils étaient les représentants sur la terre. Cela explique enfin la qualité de fils d’Atmou[2] dont se pare Ramsès-le-Grand dans les inscriptions des obélisques du Panthéon, de Florence, et de Tanis : sur ce dernier monument, dont le dessin m’a été communiqué par M. Pacho, le courageux explorateur de la Cyrénaïque, on traite le conquérant égyptien d’Aröeris puissant, fils d’Atmou, roi seigneur du monde, etc., Ramsès, etc. ; et cette formule répond mot pour mot à l’une des formules initiales jadis sculptées sur un obélisque érigé par le même roi Ramsès, et dont Hermapion[3] a donné une traduction fidèle en ces termes : Απολλων κρατερος ΥΙΟΣ ΗΡΩΝΟΣ Βασιλευς οικουμενης ΡΑΜΕΣΣΗΣ, le puissant Apollon, fils de Héron, le roi du monde, Ramessès, etc. Cette traduction grecque a d’autant plus d’importance pour nous, qu’elle prouve (et c’est le seul témoignage à citer à ce sujet) que le dieu égyptien Atmou ne fut point tout-à-fait inconnu aux Grecs : on voit en effet par le texte précité qu’ils l’appelaient ΗΡΩΝ, Héron, nom qui n’a aucun rapport réel de son avec l’égyptien Atmou, mais auquel il serait tout aussi difficile d’attribuer une origine purement grecque : n’est-ce là que la transcription d’un nom ou d’un surnom égyptien d’Atmou, que l’on retrouvera peut-être dans quelque texte hiéroglyphique ? c’est ce que nous n’oserons décider. Notre seul but, tout en notant cette synonymie, n’a été que de faire connaître l’influence directe que le dieu Atmou était censé exercer sur la terre et sur les rois qui la gouvernaient, d’après les idées égyptiennes.

Ce même dieu régissait encore l’une des plus importantes portions de l’hémisphère inférieur, l’Amenthès ou l’enfer égyptien, et les monuments qui lèvent toute espèce de doute sur cette nouvelle attribution d’Atmou,

  1. Sur les obélisques de Louqsor et la statue de Sésostris du Musée royal de Turin.
  2. Planche 26 (C), no 18.
  3. Dans Ammien Marcellin, Rerum gestarum, lib. XVII, cap. 4.