Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/184

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fois l’identité voulue de ces deux personnages reste néanmoins prouvée par le lieu même où se trouve cette seconde inscription, Kous que les Grecs nommaient en effet la ville d’Apollon, la petite Apollonopolis.

Muni de renseignements aussi positifs sur les noms de la divinité égyptienne à laquelle furent consacrés une partie du grand temple d’Ombos et le propylon de Kous, il me devint facile de distinguer dans les inscriptions et les nombreux bas-reliefs qui décorent ces deux édifices, soit le nom égyptien du dieu, soit les formes conventionnelles sous les quelles il fut représenté. La planche ci-jointe nous montre le dieu Aröeris tel qu’il est figuré dans la plus grande partie de ces tableaux d’adoration.

Le corps humain de cette divinité, debout ou assise sur un trône, est peint ordinairement de couleur bleue ; sa tête, celle d’un épervier, porte la coiffure pschent, ⲡⲥϣⲛⲧ, symbole du pouvoir qu’exerce Aröeris dans les régions supérieure et inférieure. Il tient dans ses mains les insignes ordinaires des dieux.

Quant au nom égyptien de ce personnage, les mots ΑΡΟΥΗΡΙΣ ou ΑΡΩΥΗΡΙΣ, abstraction faite de la finale toute grecque, en reproduisent très-fidèlement l’orthographe égyptienne. Le nom hiéroglyphique du dieu est tantôt symbolico-phonétique, tantôt symbolico-figuratif. Dans le premier cas (lég. nos 1 et 2), il se compose du nom symbolique d’Horus, (l’épervier accompagné d’une note verticale), ϩⲱⲣ, Hor, qui se prononçait ϩⲁⲣ, har, dans les composés, et du groupe phonétique ⲱⲏⲣⲓ formé de l’hirondelle et de la bouche[1], ce qui produit le nom entier ϩⲁⲣⲱⲏⲣⲓ, Haroéri ; dans le second cas (lég. nos 3 et 4) l’épervier symbolique est suivi d’un caractère représentant un homme debout, vêtu d’une tunique longue ou courte et tenant dans sa main un long sceptre pur, emblême de sa suprématie : ce caractère s’échange constamment avec le phonétique ⲱⲏⲣⲓ dans tous les textes sacrés : l’un est l’équivalent figuratif de l’autre. Le mot ⲱⲏⲣⲓ signifie en effet aîné, le plus âgé, et par suite principal et chef (senior) dans toutes les inscriptions hiéroglyphiques ; ϩⲁⲣⲱⲏⲣⲓ signifiait donc Horus l’aîné en langue égyptienne. La valeur de ce nom serait enfin démontrée au besoin par l’assertion formelle de l’auteur du Traité d’Isis et d’Osiris, selon lequel le dieu que les Grecs nommaient Apollon était appelé l’aîné Horus, ΠΡΕΣΒΥΤΕΡΟΝ, par les Égyptiens.

  1. ⲱⲣ prononcé ⲱⲏⲣⲓ en suppléant les voyelles, comme le prouve l’orthographe hiéroglyphique et hiératique des noms propres égyptiens, que les Grecs ont transcrit πωηρις, οσορωηρις, Σενποηρις, πετεαρωηρις, etc., etc.