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HAROERI.

(aroueris, aröeris, apollon.)
Planches 39 et 39 (A)

Parmi les dieux égyptiens de la troisième classe, formes ou transformations divines mises en contact avec le monde physique et descendues jusqu’à la nature humaine par la voie de l’incarnation, l’antiquité classique a nommé Aroueris ΑΡΟΥΗΡΙΣ[1], personnage mythique identifié avec l’Apollon des Grecs[2]. À ce témoignage positif se joint encore l’autorité imposante d’un monument public du premier ordre, le grand temple d’Ombos, en Thébaïde, dans lequel on lit une inscription dédicatoire en langue grecque, gravée en creux[3] sur le listel de la corniche d’une porte qui donne entrée dans une des salles intérieures du temple. On y lit que les fantassins, les cavaliers, et autres personnes stationnées dans le nome Ombite, ont dédié ce secos à Aröeris Apollon dieu grand, ΑΡΩΗΡΕΙ ΘΕΩΙ ΜΕΓΑΛΩΙ ΑΠΟΛΛΩΝΙ, pour la conservation du roi Ptolemée et de la reine Cléopâtre sa sœur, dieux philométors[4].

Une seconde inscription sculptée sur le propylon (encore debout au milieu des ruines de Kous dans le voisinage de Thèbes) offre la dédicace que la reine Cléopâtre et le roi Ptolemée, dieux grands, Philométors-soters, firent de ce beau monument à Aröeris dieu très grand, ΑΡΩΗΡΕΙ ΘΕΩΙ ΜΕΓΙϹΤΩΙ[5]. Mais ici le nom du dieu égyptien n’est point accompagné de celui d’Apollon, auquel l’assimilèrent les Grecs d’Égypte ; toute

  1. Plutarque, de Iside et Osiride.
  2. ΑΡΟΥΗΡΙΝ… Ἀπόλλωνα δὲ ὑπὸ Ἑλλήνων, idem, ibid.
  3. Je me suis assuré, pendant mon séjour aux ruines d’Ombos en 1829, que le champ du listel, sur lequel on a gravé cette inscription, était jadis doré, et que toutes les lettres furent remplies d’une couleur rouge éclatante.
  4. Voyez les Recherches pour servir à l’histoire de l’Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, par M. Letronne, page 76 et suivantes.
  5. Dans l’ouvrage précité M. Letronne lit : Ἡλίωι θεῶι, μεγίστωι, au lieu d’Ἀρωήρει θεῶι μεγίστωι que porte réellement l’inscription originale ; mais mon savant ami a été induit en erreur par la copie fautive de cette inscription fournie par MM. Jomard et Chabrol, qui n’ont point indiqué, comme l’a fait M. Hamilton, une fracture opérée sur une portion des lettres formant le nom ΑΡΩΗΡΕΙ. En examinant moi-même avec attention le monument original, en novembre 1829, j’ai parfaitement distingué les lettres ΩΗΡΕΙ encore très-reconnaissables, ce qui exclut sans réplique la leçon ΗΛΙΩΙ que donnent à tort les deux membres de la Commission d’Égypte.