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Horus, le prototype des souverains de l’Égypte, et on compare son règne à celui d’Ammon, dont il est censé être le fils et le représentant sur la Terre. C’est en effet à cette grande divinité que fut dédié le temple d’Esné, comme le prouve l’image d’Ammon-Chnouphis-Criocéphale, sculptée au-dessus de la porte intérieure du temple[1], et qui se reproduit dans une foule d’autres tableaux sur les diverses parties de ce grand édifice. L’apothéose d’Antonin que nous venons de décrire est surmontée d’un second bas-relief[2], représentant le même empereur agenouillé et offrant l’encens à quatre divinités qui sont adorées comme esprits directeurs, puisqu’on les a figurées sous la forme de quatre béliers, dont la tête est ornée du serpent uræus, l’emblème de la toute-puissance[3] ; les légendes hiéroglyphiques, gravées au-dessous de ces quatre béliers, nous apprennent que ce sont là les esprits des dieux Sôou, Phré, Atmou et Osiris. Il est évident, lorsqu’on se pénètre de l’idée rigoureusement juste que toute la théogonie égyptienne consiste en un système perpétuel d’émanation, dont la conséquence la plus directe est que chaque divinité renferme en elle-même l’esprit ou l’essence de toutes les divinités produites par elle, et qui lui sont subordonnées ; il est évident, disons-nous, qu’Amon-Ra à quatre têtes de bélier n’est qu’une image symbolique de cet être primordial comprenant en lui-même les quatre grands esprits recteurs du monde créé, ou, en d’autres termes, les dieux Sôou, Phré, Atmou et Osiris, qui président aux quatre grands agents de la nature matérielle.

Tous ces rapprochements expliquent en même temps le sens mystique de l’un des principaux emblèmes d’Amon-Ra, le bélier qui se montre sous plusieurs formes au milieu des sculptures et des peintures qui couvrent les monuments égyptiens de tout genre.

Notre planche 2 quater[4] représente le bélier sacré à une seule tête décorée du disque et de l’uræus. L’épervier, symbole du Soleil, voltige

  1. Descr. de l’Égypte, Ant., vol. I, pl. 80, no 4.
  2. Idem., pl. 81.
  3. Horapollon, Hieroglyphica, liv. I, § 1. Voir l’explication de la pl. précédente.
  4. Calquée sur le second cercueil d’une riche momie du Musée de Turin.