Page:Champollion - Panthéon égyptien, 1823.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

NEF, NOUF.

(Cneph, Cnouphis, Chnoubis, Ammon-Chnoubis.)
Planche 3

Les noms hiéroglyphiques de ce dieu varient souvent dans leur orthographe, et cela sur les mêmes monuments. On trouvera les diverses formes de ce nom sur la planche qui accompagne ce texte, et ces variations ont toutes été connues par les Grecs, qui les ont transcrites d’une manière plus ou moins exacte.

Le no 2 se lit NEV ou NÉF, c’est le Cnèph d’Eusèbe ; les nos 3 et 4, NOUF ou NOUB, c’est le Cnouph-is de Strabon, et le Chnoub-is des inscriptions des Cataractes ; enfin, les nos 5, 6 et I, se lisent sans difficulté NOUM, c’est le Chnoum-is des pierres basilidiennes.

Cnèph était une des formes sous lesquelles l’ancienne Égypte adorait le dieu Amon, le créateur de l’univers ; c’est pour cela que les images de Cnèph portent souvent, dans leur légende hiéroglyphique, le nom d’Amon ou Amon-Ré (no 7, sur notre planche). Eusèbe, dans sa Préparation évangelique (livre III, chapitre 12), décrit les traits sous lesquels les habitants d’Éléphantine adoraient cette grande divinité, et la description est précisément conforme à celle que nous allons donner de la représentation de Cnèph figurée sur notre planche.

Le dieu est assis sur son trône ; sa tête est celle d’un bélier, et toutes ses chairs sont bleues et souvent vertes, comme celles d’Amon, dont il n’est lui-même qu’une simple modification ; un grand disque, porté sur des cornes de bouc, symboles de la force génératrice, surmonte sa tête, au-dessus de laquelle se dresse aussi un grand serpent uræus, emblême de la suprême puissance de vie et de mort que cette divinité exerce sur tous les êtres ; sa main droite tient le signe ordinaire de la vie divine, et la gauche, plus souvent armée du sceptre des dieux bienfaisants, est ici élevée en signe de protection.

Les habitants de la Thébaïde vénéraient principalement cette grande divinité. « Ils refusaient même, nous dit Plutarque, de s’imposer pour le culte ou pour les funérailles des animaux sacrés, parce qu’ils n’ado-