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Cette antique assimilation du Nil avec le Jupiter-Égyptien, Ammon-Cnouphis, explique d’abord quelques passages des écrivains Grecs et Latins sur la religion de l’Égypte, et nous donne ensuite l’intelligence d’une foule de monuments.

On comprend alors, par exemple, pourquoi Cicéron affirme que Phtha ou le Vulcain-Égyptien, l’Hercule-Égyptien et la Minerve-Égyptienne, sont fils du Nil[1], tandis que tous les autres auteurs les donnent pour les enfants du Jupiter-Égyptien ou Ammon-Cnouphis. C’est dans le même sens que Diodore nous dit que tous les dieux égyptiens tiraient leur origine du Nil, Νεῖλον πρὸς ᾧ καὶ τὰς τῶν θεῶν γενέσεις ὑπάρξαι[2] ; c’est enfin parce qu’il était l’image terrestre du Démiurge Égyptien, Cnouphis, que le Nil reçut les beaux titres de Sauveur de la région d’en haut, de Père et de Démiurge de la région d’en bas[3].

Le grand Démiurge égyptien Cnouphis, considéré comme le Nil céleste et comme la source et le régulateur du Nil terrestre, est très-souvent figuré dans les bas-reliefs des temples, sur les cercueils et les diverses enveloppes des momies. Ses images ne diffèrent point très-essentiellement de celle que nous donnons ici sous le no 3 ter. Partout il se montre avec sa tête de bélier et ses chairs de couleur verte, quelquefois aussi de couleur bleue. On le distingue uniquement à sa légende et à quelques attributs particuliers.

Les inscriptions qui l’accompagnent ne contiennent point alors son nom propre Nef, Nouf ou Noum ; elles renferment un simple surnom dont nous avons réuni toutes les variantes sur notre 2e planche 3 ter, nos 1, 2 et 3. Ces groupes sont composés du caractère symbolique ou symbolico-figuratif Dieu, et des deux signes phonétiques qui forment le mot ΠΝ ou ΦΝ, qui se rapporte aux racines égyptiennes ou coptes ΠΩΝ ou ΦΩΝ, ΠΕΝ ou ΦΕΝ, fundere, effundere, mots primitifs d’où dérivent aussi les racines redoublées ΦΟΝΠΕΝ et ΦΕΝΦΩΝ, superfluere, redundare. Il est évident que les groupes hiéroglyphiques précités signi-

  1. Cicéron, de Naturâ Deorum, lib. III, §. 16, 21 et 22.
  2. Diodore de Sicile, Hist. Bibl., lib. I, P.12.
  3. Τῆς μὲν ἄνω σωτῆρα, τῆς κάτω δὲ καὶ πατέρα καὶ Δημιουργὸν. Héliodore, Æthiopicorum, lib. IX, P.444, c. 20, Édit. de J. Comelin.