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ΡΟΟΗ, ΡΙΙΟΗ, ΙΟΗ,

LE DIEU-LUNE, DIRECTEUR DES AMES.
Planche 14 (C)

L’esprit des peuples les plus civilisés de l’ancien continent, éminemment porté vers les idées religieuses, s’efforça, soutenu par des méthodes plus ou moins perfectionnées, de rechercher la nature des choses ; et non content d’étudier et de systématiser le monde physique, il voulut même pénétrer tous les secrets du monde intellectuel. L’Égypte proclama, la première, le dogme sublime de l’immortalité de l’ame[1] ; mais à cette vérité, source pure de toute morale, et fondement nécessaire de l’ordre social, les premiers législateurs ne purent lier que de simples hypothèses lorsque, établissant un corps de doctrine religieuse, ils voulurent expliquer aux hommes l’origine, l’état présent et le sort futur de cette portion de vie et de raison qui nous anime et qui nous dirige.

Les Égyptiens pensaient que les ames de tous les êtres qui peuplent l’univers, n’étaient que des émanations directes de l’Ame par excellence, de l’Esprit éternel et incompréhensible qui créa, maintient et gouverne les mondes[2]. Ils croyaient aussi que, sujettes à diverses transmigrations, les ames devaient successivement passer, en expiation d’une faute primordiale, dans les corps d’êtres de différents ordres, avant de rentrer dans le sein de la grande Ame dont elles sont émanées. La croyance vulgaire voulait enfin que, dans l’intervalle d’une transmigration à une autre, les ames errassent pendant un certain temps, dégagées des liens corporels, dans cet espace du ciel compris entre la Terre et la Lune[3], zone à laquelle le Dieu-lune, Pooh, présidait spécialement.

Ainsi, cette divinité jouait un rôle important dans le système psychologique des Égyptiens ; et parmi les peintures qui ornent les manuscrits découverts dans les cercueils ou sous les bandelettes des momies, il en est plusieurs qui sont relatives aux ames habitant la zone céleste soumise au dieu Pooh. Ces manuscrits renferment le Rituel funéraire plus ou moins complet ; et ce rituel, composé de prières adressées, en faveur de l’ame d’un défunt, à toutes les divinités présidant soit à la direction des ames pendant

  1. Hérodote, liv. II, § xxiii.
  2. Voyez ci-dessus l’article Ammon-Cnouphis.
  3. Dialogue d’Isis, voy. Stobæi, Eclogar. Physicar., lib. I, cap. LII, p. 1076 ; Iamblique, de Anima, ap. Euseb., Præp, evangelic.