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Ce groupe répond aux mots de la langue parlée POOH-NOUTÉ le Dieu-lune. Nous ajouterons aussi que le croissant renversé était, selon Horapollon[1], le signe de l’idée mois (Voyez notre pl. 14 (A), no 3). Ce même caractère est en effet le signe initial de tous les groupes hiéroglyphiques, exprimant les noms propres des mois égyptiens. On trouve enfin, dans les inscriptions précitées du zodiaque circulaire de Dendéra, ce même croissant placé les cornes en haut (Pl. 14 (A), no 9). Il servait à noter le commencement du mois ; comme sa position inverse, le croissant les cornes en bas, en exprimait la fin et l’accomplissement[2].

La planche 14 (B) contient une nouvelle image du Dieu-lune accompagnée de symboles indiquant une circonstance particulière du cours de cet astre. Ce tableau emblématique est reproduit parmi les peintures des manuscrits funéraires, soit hiératiques, soit hiéroglyphiques, un peu complets[3].

Pooh, la tête surmontée du disque entier, peint tantôt en jaune, tantôt en rouge, ainsi que du croissant, se montre assis sur une bari ou barque, symbole du mouvement de l’astre autour de la Terre. Devant le dieu est un autel chargé d’un pain sacré et d’une fleur de lotus ; derrière lui est le groupe hiéroglyphique exprimant l’idée d’Adoration, de service ou d’honneur rendu aux dieux dans le texte sacré de l’inscription de Rosette[4]. Hors de la barque sont des cynocéphales faisant face au dieu et élevant leurs bras vers le ciel. La posture de ces animaux indique sans aucun doute que le tableau entier représente emblématiquement le lever de la Lune. Horapollon dit en effet que le cynocéphale debout et les mains élevées vers le ciel exprime le lever de la Lune[5], que cet animal semble ainsi féliciter et accueillir avec joie[6].

  1. Hiéroglyphicor., lib. I, §. 4.
  2. Idem. Ibidem.
  3. Voyez Descript. de l’Égypte, A., vol. II, pl. 7, au-dessus des colonnes 21 à 39. — Id. MSS. hiératique, pl. 70.
  4. Texte hiéroglyphique, ligne 7, au commencement. Ce groupe répond au mot Θεραπεύειν de la 40e ligne du texte grec.
  5. Horapollon, Hiéroglyph., lib. I, §. 15.
  6. Idem. Ibidem.