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Égypte, mais qu’il obtint quelque crédit en Grèce et même en Italie : le naturaliste Pline assure aussi de son côté, que les singes sont tristes pendant l’opacité de la Lune, lunâ cavâ tristes esse[1].

Parmi les animaux sacrés de l’Égypte, le cynocéphale est un de ceux dont les images sont les plus multipliées sur les monuments d’ancien style ; symbole de deux des principales divinités, il se montre soit debout et les bras élevés pour exprimer le lever de la Lune[2], soit accroupi, dans l’attitude même que lui donnaient les embaumeurs lorsqu’ils préparaient le corps d’un individu de ce genre[3], et la tête ornée du disque et du croissant lunaires combinés ainsi qu’on le voit sur la planche ci-jointe, copie exacte d’une petite stèle peinte faisant partie du musée royal égyptien de Turin. Le cynocéphale est accroupi devant un autel sur lequel sont placés un beau faisceau de fleurs de lotus et des pains sacrés ; au pied de l’autel sont deux vases dont l’un est ceint d’une bandelette et l’autre entouré d’une tige de lotus terminée par la fleur encore en bouton. La partie inférieure de la stèle, est occupée par quatre colonnes d’hiéroglyphes, effacés en grande partie, et qui contenaient une prière adressée au Cynocéphale sacré, ou plus exactement aux divinités mêmes dont cet animal n’était que le symbole, les dieux Pooh et Thoth seigneur de Schumon (ou des huit régions), par un certain Ramès ou Ramisé (l’enfant du Soleil), personnage qui est figure à genoux, couvert d’une ample tunique blanche, et les chairs peintes en rouge, selon la méthode ordinaire.

Au-dessus des offrandes, on a sculpté en grand le caractère figuratif Lune, formé du disque et du croissant, comme un emblême parlant de la divinité à laquelle avait été consacré ce curieux monument ; il présente ainsi, confondus en un seul, le culte du Dieu-Lune et celui du dieu Thoth, connexion qu’on eût déja pu soupçonner à la vue des médailles gréco-romaines du nome d’Hermopolis magna, la grande ville de Thot, dont quelques-unes portent sur leur revers un cynocéphale accroupi et la tête ornée du disque lunaire.

  1. Hist. nat., lib. VIII, cap. LIV.
  2. Voyez notre planche 14 (B).
  3. Une momie de Cynocéphale, appartenant à feu Belzoni, et deux autres, partie de la collection Drovetti, prouvent ce que nous avançons ici.