Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/344

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Ces alliances monstrueuses étaient motivées sur les similitudes que les Égyptiens avaient établies entre certains dieux et certains animaux dont les qualités dominantes ou les habitudes leur parurent propres à rappeler à la pensée les qualités ou les fonctions des personnages mythiques. C’est comme si les Grecs et les Romains, qui consacrèrent aussi divers animaux à chacun de leurs dieux, eussent représenté Jupiter avec une tête d’aigle, Junon avec celle d’un paon, Minerve avec celle d’une chouette, Esculape avec la tête d’un serpent, &c., au lieu de placer simplement ces animaux aux pieds de la statue de chacune de ces divinités.

53. La seconde espèce de caractères symboliques-énigmatiques exprimant des noms divins, consiste simplement dans la représentation entière de l’animal consacré à chaque dieu ou déesse ; les animaux portent alors les insignes propres à la divinité dont ils sont les emblèmes. Ainsi, un épervier ayant un disque sur la tête exprime symboliquement le dieu Phrê ; un bélier les cornes surmontées de longues plumes ou d’un disque, Ammon-Cnouphis ; un épervier mitré, le dieu Horsiési ; un schacal armé d’un fouet, Anubis ; un ibis et même un cynocéphale, espèce de singe à tête de chien, le dieu Thoth, l’Hermès ou le Mercure égyptien ; « et ce n’est point, comme le dit Plutarque par la plume naïve d’Amyot, que, selon les Égyptiens, Mercure soit un chien, ains la nature de cette bête, qui est de garder, d’estre vigilant, sage à discerner et chercher, estimer, et