Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/69

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un Α ou un Ε ; les deux plumes ou feuilles, un Ι, la ligne brisée, un Ν ; le petit vase flanqué de deux triangles, inconnu ; enfin le trait recourbé est un Σ. Réunissant tous ces élémens, nous avons ΑΝΤΕΙΝ. Σ, nom dans lequel il est bien difficile, eu égard au monument qui le porte, de ne point reconnaître celui d’Antinoüs, ce favori d’Hadrien, qui périt en Égypte, et fut mis, dit-on, au rang des dieux de la contrée. Il est évident aussi que le 7.e caractère représente les dernières voyelles ΟΟ, ΟΥ, du nom grec ; la valeur bien connue des six qui le précèdent et de celui qui le suit ne permet point d’en douter. Et ce qui prouve encore mieux que ce 7.e caractère représente, soit une voyelle, soit une diphthongue, c’est que le nom d’Antinoüs est reproduit, mais dénué de toutes ses voyelles médiales, sous la forme ΑΝΤΝΣ (pl. III, n.o 3), en ne conservant que les consonnes et la seule voyelle initiale, dans la colonne perpendiculaire d’hiéroglyphes placée devant le personnage (Antinoüs lui-même) qui fait une offrande à l’une des plus grandes divinités de l’Égypte.

L’obélisque de Bénévent, portant divers cartouches qui renferment la légende Αυτοκρατωρ Καισαρ Δομιτιανος, l’empereur César Domitien[1], est bien cer-

  1. Je donnerai la lecture de ces divers cartouches dans un ouvrage intitulé Chronologie des monumens de l’Égypte et de la Nubie, dont je m’occupe, de concert avec M. Huyot, membre de l’Institut, Académie des beaux-arts, qui les a dessinés sur les lieux.