Page:Champollion - Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, 1824.djvu/70

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tainement du temps de ce prince ; aussi n’ai-je point été surpris de reconnaître, vers le bas des faces 1.re, 2.e et 4.e à la suite d’une série d’hiéroglyphes, fort ordinaire sur les obélisques et qui répond à cette formule de la traduction grecque d’un obélisque par Hermapion, συνετελεσεν εργον αγαθον, un nom propre romain écrit en ligne courante (pl. III, n.o 5), et qui se lit sans difficulté par mon alphabet hiéroglyphique. La bouche est Ρ ou Α ; l’enroulement ou lituus ΟΥ ; le signe suivant Κ ; les deux traits inclinés Ι ; le lion couché Α ; les deux plumes ou feuilles Η ; le trait recourbé Σ ; et comme, dans les noms des empereurs Τιβεριος et Κλαυδιος, les deux voyelles ΙΟ sont constamment rendues en hiéroglyphes par les deux feuilles, nous lisons, sans balancer, le nom propre de l’obélisque de Bénévent[1] ΛΟΥΚΙΛΙΟΣ, Lucilius.

Mais, pourrait-on m’objecter, rien ne prouve ici que ces sept caractères expriment un nom propre quelconque : ils expriment bien certainement un nom propre, car ils sont accompagnés d’un hiéroglyphe figurant un homme accroupi et levant un bras, caractère qui suit immédiatement tous les noms propres hiéroglyphiques d’individus, à l’exception des seuls noms de rois, qui sont suffisamment caractérisés par le cartouche. Ce signe hiéroglyphique, placé quelquefois aussi à la suite de simples prénoms ou surnoms, est une marque

  1. L’obélisque de Bénévent est gravé, mais fort imparfaitement, dans l’ouvrage de Zoëga, de Origine et usu obeliscorum, pag. 644.