Page:Champsaur - Homo-Deus, Ferenczi, 1924.djvu/23

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— Marc Vanel ! Toi ici ! J’ai reconnu, tout de suite, tes yeux ardents !

Leurs mains s’étreignirent avec effusion. Le gentleman, aux prunelles démoniaques, expliquait :

— Maître, j’étais parmi ceux qui vous écoutaient tout à l’heure, et je me suis passionné, comme autrefois, lorsque j’étais votre élève...

— Mon meilleur élève ! Que ce temps est loin ! Mais d’où sors-tu ?... Tout le monde te croyait mort !

A cet instant, le docteur Fortin s’aperçut que l’homme aux yeux extraordinaires n’était pas seul. Un personnage, d’allure modeste, se tenait à côté de lui. Vêtu d’un complet léger, le veston serré, boutonné, il n’attirait pas beaucoup les regards, l’air un peu chétif, à côté de l’athlète brun qui le dominait de sa présence, Néanmoins, Ies prunelles de ce petit homme brillaient intensément dans une face à peau bistrée, où l’on sentait une obscure vaillance. Le docteur Fortin était trop observateur pour ne pas remarquer ce type silencieux et grave, volontairement effacé. Vanel fit les présentations :

— Le camarade Tchitcherine, incognito à Paris, commissaire aux Affaires étrangères des Soviets.

L’étranger s’inclina :

— Je vous salue humblement, maître.

Le docteur Fortin se sentit impressionné.

— Eh ! bien, puisqu’en retrouvant un ami j’en récolte deux, vous allez me faire le plaisir de venir dîner avec moi ! Allons, c’est entendu, je vous emmène. Je connais quelqu’un qui va être épaté.

— Votre fille. Comment va Jeanne ?...

— Etonnante ! A côté d’elle, je ne suis rien, mon cher ami, oui, je ne suis qu’une mazette.

— Je la reverrai avec joie, fit le docteur Vanel, un peu ému au souvenir du passé lointain, de toute sa jeunesse qui lui montait au cœur.

— Et tu retrouveras aussi Garnier, Alexandre Gar