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LE SATYRE INVISIBLE 295

III

SURPRISE TOUTE NUE

En rentrant à Paris. Marc Vanel était encore sous l’impression de cette journée délicieuse. L’attitude de Jeanne l’avait touché. Serait-ce par la jalousie qu’il éveillerait l’amour dans le cœur de la savante, elle si au-dessus des passions humaines ? Serait-elle domptée par un sentiment si banal ? Peut-être. L’âme humaine a de ces mystères ; lui-même ne s’y était-il pas laissé aller lorsqu’il s’était senti une colère haineuse contre Julien de Vandeuvre, alors qu’il intéressait si fort, même scientifiquement, la jeune doctoresse. Alors, si Jeanne était jalouse, c’est qu’inconsciemment elle commençait à l’aimer. Après une belle journée, déjà trop chaude pour la saison, l’atmosphère s’était comme imprégnée d’électricité et cet état de la nature agissait sur les nerfs d’Homo-Deus. Ce soir-là, il se sentait tout à fait homme, et ses passions s’en exacerbaient davantage. Il risqua son grand amour sur un va-tout. Descendant dans le sous-sol, il se rendit invisible, puis, montant dans l’automobile, il donna l’ordre à Mardruk de le conduire au Nid Rouge. Entrer chez les Fortin n’était pas difficile, la grille n’était jamais fermée ; il suffisait de tourner le bouton et de la pousser. Il l’entrebâilla juste assez pour se glisser à l’intérieur, car il savait qu’elle grinçait effroyablement. Il était dans le parc, et, bientôt, il fut devant la maison. Par des lucarnes grillagées, une lumière filtrait. Pourtant, il était onze heures du soir. Vanel pensa : - Toujours elle travaille. Sur quel problème ardu penche-t-elle, en ce moment, son beau visage ?... Sur quelle énigme s’ouvrent ses yeux que j’aime tant ? Mais il valait mieux, pour la réussite de ses projets, qu’elle fût dans son laboratoire, cette particularité lui