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ESCLAVE AMOUREUSE

Ah ! l’on n’admet pas les rébellions, les indisciplines et les insolences en Russie.

Pour se faire obéir, il faut battre…

— Moi, je vous obéis, Pierre… alors ? me battrez-vous ?

— Oui, car j’aime battre et vous aimez être battue.

Elle baissa la tête en rougissant.

Elle se voyait déjà dépouillée de tous ses vêtements, livrée aux désirs étranges et brutaux de ce barbare protecteur.

Après Max, que posséderait-il, celui-là ?

L’illusion d’une sympathie.

Résignée, elle ne montrerait plus, malgré son désir de la simuler, d’exaltation.

Et sa pensée allait vers Max, ce Max à qui elle avait donné impulsivement, sans retenue, son cœur, sa liberté, sa vie et même sa mort.

L’ingrat n’est plus là ; au mépris de toutes les lois, ne craignant ni remords, ni vengeance, ni revendications, ni divorce, ni scandale, il jeta sa femme dehors, comme une chienne galeuse.

Elle ne le reverra jamais, à moins que cependant, rassasié de l’amour de l’autre, il ne revienne vers elle, plus tard.

Mais ses prières ne la toucheront pas, elle restera aussi insensible qu’il fut lui-même le jour où il la chassa.