Elle aura sa revanche.
C’est Bodewski qui en profitera.
Elle aperçoit, comme dans une vision soudaine, la terre de Russie, ses nobles et ses gueux, ses impératrices hautaines et fantasques, ses grands-ducs, ses paysans, ses prisonniers, tous frappant et frappés par le knout et par les verges, hurlant sous les coups.
Mais ce n’est pas une punition dont constamment, par Bodewski ou par un autre, elle subira les effets.
Bodewski la contemple, la détaille, l’enveloppe de son regard scrutateur, il marche de long en large, sur le tapis que ses pas lourds écrasent, il lui saisit la taille et l’incline en ses bras.
Et lentement il la déshabille. Il découvre sa gorge, sa poitrine, tout ce que voile la chemise, les hanches, les jambes. Immobile, comme statue, elle ressemble à ces déesses qu’on adorait dans les temples païens. Bodewski caresse ce corps de ses mains rudes.
— Vous êtes belle…
Il voit des traces de fouet…
— Les verges ont déjà passé par là, dit-il.
Elle s’appuie sur lui, défaillante.
Est-ce émotion, peur, honte ?
Elle attend qu’on lui donne de la souffrance.
Ah ! elle a l’habitude de ces moments-là !
Elle a l’habitude du geste et de la pose comme les courtisanes patentées.