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ESCLAVE AMOUREUSE

fasse communier dans la même ardeur à souffrir.

Dans tous les temps et dans tous les pays, les martyrs de la volupté ont laissé dans l’Histoire des pages pittoresques dont on doute parfois de la véracité, tellement les souffrances racontées sont excentriques et, disons-le, surhumaines.

On s’immole par passion amoureuse, cette passion étant devenue peu à peu ou très vite de la pure folie.

Non point folie des sens, mais folie de souffrir, folie de se livrer entièrement à des mains barbares. L’amour insensé fait vibrer ces êtres qui ne redoutent pas les pires cruautés mais qui, au contraire, les implorent.

Abélard flagellait Héloïse et Héloïse fut, à en croire les biographes, une amoureuse des plus exaltées. Elle acceptait les fustigations comme elle acceptait les caresses, avec l’enthousiasme de celles qui se sont données pour toujours et qui ne veulent être que des victimes heureuses de l’être, ne puisant leur joie, joie intense pour elles, que dans la douleur physique provoquée par la brutalité de l’être aimé.

Hors de lui, elles ne connaissaient rien. Lucette est ainsi.

Rivée à la chaîne de l’esclavage elle sait ne pouvoir et ne devoir jamais la rompre, quoi qu’il advienne.