émotion. Du symbole des romantiques, nous descendons à l’allégorie galante des peintres, graveurs et sculpteurs du xviiie siècle, Boucher, Coypel, Eisen, Pigalle et leurs émules.
La fileuse du Rouet d’Omphale est charmante par la légèreté de son rythme, avec son départ hésitant, puis avec sa pulsation qu’accentue et maintient le partage du motif entre les premiers et les seconds violons, enfin par sa sonorité diaphane. Le thème d’Omphale s’en dégage avec un naturel parfait. Le thème d’Hercule amoureux, enchaîné et suppliant (c’est tout un) :
a de l’accent et la raillerie d’Omphale le caricature avec beaucoup d’esprit :
suivant cet exemple de Berlioz dans la Symphonie fantastique[1] que Saint-Saëns lui-même reprendra au troisième acte de Samson et Dalila. Mais la frivolité d’Omphale tourne un peu à la scène de ballet et, le poème symphonique étant évocateur d’images, on voit ici deux jambes de jersey rose tricotant, sous le parasol d’un tutu, les pointes de leurs chaussons blancs. Une exégèse trop sévère ne serait pas d’ailleurs à court d’objections, d’abord sur l’anachronisme de ce rouet[2] — invention qui date du moyen âge — et sur son caractère, mieux fait pour une ménagère diligente que pour une reine coquette. Enfin, le poème ne conclut pas, et c’est ici que le poème descend de l’apologue à la simple allégorie. Le rouet cesse peu à peu de tourner et finit par s’arrêter, mais sans que