Page:Chantavoine - Le Poème symphonique, 1950.djvu/84

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liberté imaginative où il voyait le ressort essentiel du poème symphonique[1]. Chez Henri Rabaud, au contraire, le thème du cantique :


\language "italiano"

\layout {
  indent = 0 \mm
  short-indent = 0 \mm
  line-width = 12.5 \cm
}

\relative do'' {
  \key do \major
  \clef treble
  \time 4/4
  \tempo \markup \medium{"And"\super{te}" tranquillo"}
  \override Score.BarNumber.break-visibility = ##(#f #f #f)
  \repeat volta 2 {sol'4. sol8 sol4 sol4 | mi4 la4( sol2) | do,4( fa4. mi8 re4) | do1}
  sol'4( do4 si4 la4) | sol1 | sol4( do4. si8 la4) | sol1 |
}

est de pure invention : thème extrêmement heureux dans sa simplicité, par son accent de candide ferveur, par sa structure de « répons », par sa patiente insistance de litanies, thème sinon profane, car il respire la foi, du moins libre de toute attache liturgique, dégagé par cette liberté de toute bride documentaire, fait ainsi pour élever l’ « épisode » à l’indépendance et à la généralité du « poème ».

Sous l’influence évidente des peintres impressionnistes et de Mallarmé, Debussy, le musicien à la fois le plus original et le plus sensible (dans le sens où on le dit d’une plaque photographique) aux modes de son temps, a donné des tableaux symphoniques d’une rare séduction, mais tout en mouchetures, en touches effleurées, en scintillements, en irisations, où on le trahirait en cherchant l’idée, l’allégorie, le symbole. Les plus précieuses de ces pages sont sans doute les deux premiers de ses trois Nocturnes, les « Nuages » que l’on voit troués par la lune intermittente, les « Fêtes » avec leurs lointaines bouffées d’échos. Les trois aspects de la Mer — une reproduction de la célèbre « vague » d’Outamaro sur la

  1. Dans la Bataille des Huns, qui n’est pas un « épisode », mais un poème symphonique, le thème liturgique du Crux fidelis produit avec le bruit de l’assaut païen l’effet de contraste sur lequel repose l’œuvre.