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Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/117

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JEAN TALON, INTENDANT

nent chacun d’y former une habitation. Cela en excitera d’autres. Comme j’ai emprunté aux R. P. Jésuites et de quelques particuliers le terrain que j’ai fait occuper, on peut leur en laisser la seigneurie et les droits qui seront exigés, si Sa Majesté n’aime mieux commencer de se faire ici un fonds de domaine en s’assurant le service de ces nouveaux colons, en la manière qu’il est porté par le projet de règlement que j’ai adressé à mon frère le jugeant d’une lecture trop longue pour vous être présenté[1]. » On voit par ce passage que Talon était disposé à respecter le droit de seigneurie des Jésuites ; dans ce cas la principale objection de ces derniers eût disparu, et l’intendant, en réalité, n’eût fait autre chose que les aider, avec les deniers du roi, à établir et peupler leurs domaines. Mais Colbert en décida autrement : « Il vaut beaucoup mieux, écrivit-il, commencer à faire un petit domaine de ces trois villages dont le revenu sera appliqué aux besoins du fort que de les ériger en seigneurie au profit des dits Pères Jésuites[2]. » Les trois bourgs connus sous les noms de Bourg-Royal, Bourg-la-Reine et Bourg-Talon, se trouvèrent donc retranchés de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges, dans laquelle ils restèrent enclavés[3].

Nous ne croyons pas que la conduite de Talon dans cette affaire fût inspirée par un sentiment de malveillance envers les jésuites. Il n’en était pas encore rendu

  1. — Talon à Colbert, 12 novembre 1666. — Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. II.
  2. Colbert à Talon, 5 avril 1667.
  3. — On trouvera à l’Appendice des détails additionnels et plusieurs pièces inédites et intéressantes relatives à l’expropriation de ces trois bourgs, et à leur réintégration subséquente dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges.