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JEAN TALON, INTENDANT

cents français et environ quatre-vingt-dix sauvages, pour châtier les Iroquois.

Le colonel Nicolls, gouverneur de New-York, craignant une entreprise des Français contre les possessions de son maître, avait essayé de déterminer les autorités du Massachusetts et du Connectieut à se joindre à lui pour les attaquer[1]. Mais il avait échoué. Il se résolut alors à prendre une attitude pacifique, et, après avoir essayé vainement de rencontrer le sieur Couture à Orange, il écrivit à M. de Tracy une lettre amicale dans laquelle, tout en protestant contre l’expédition de M. de Courcelle l’hiver précédent, il déclarait vouloir « s’efforcer constamment de protéger les intérêts européens au milieu des païens de l’Amérique, comme cela convient à un chrétien, pourvu que les domaines de Sa Majesté ne soient pas envahis. Sur tout autre point, ajoutait-il, je désire entretenir avec vous des relations de civilité et de respect mutuels, d’autant plus que votre réputation si honorable est connue ici aussi bien qu’en Europe. Je puis en rendre moi-même témoignage, ayant eu l’honneur de servir mon maître, Son Altesse Royale le duc d’York et d’Albany, dans l’armée française, il y a quelques années. Maintenant que je le sers encore dans cette partie du monde, je m’estimerai heureux d’avoir une occasion de reconnaître au moins en partie

  1. — Louis XIV, lié par ses engagements avec la Hollande, avait déclaré la guerre à l’Angleterre le 26 janvier 1666, et les gouverneurs des colonies anglaises de New-York et de la Nouvelle-Angleterre avaient reçu instruction d’envahir la Nouvelle-France.