Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
DE LA NOUVELLE-FRANCE

vait rien faire en Canada avec plus de justice, ni avec plus d’affection »[1].

Une autre solennité religieuse, qui eut lieu vers le même temps, a aussi été consignée dans les mémoires de l’époque. Ce fut la procession des saintes reliques. On lit à ce sujet dans l’histoire des Ursulines de Québec : « Outre les corps de saint Flavien et de Ste-Félicité, donnés par le Saint-Père à l’église du Canada, en 1662, on portait des reliques insignes empruntées aux autres églises. » Il ne s’était point encore vu dans ces contrées, dit la Vénérable Mère (de l’Incarnation) une si belle cérémonie. Il y avait à la procession quarante-sept ecclésiastiques en surplis, chapes, chasubles et dalmatiques. Comme il fallait porter les reliques dans les quatre églises de Québec, nous eûmes la consolation de voir cette magnifique cérémonie. M. de Tracy, vice-roi, M. de Courcelle, gouverneur, M. Talon, intendant, et l’agent de la compagnie, M. le Barroys, portaient le dais. Les plus élevés en dignité d’entre les ecclésiastiques portaient les quatre grandes châsses sur des brancards magnifiquement ornés, et environnés d’un grand nombre de flambeaux. La procession sortant d’une église, y laissait une châsse. La musique ne cessa point tant dans les chemins que dans les stations. Dans la chapelle du château, où l’on avait préparé un beau reposoir, les saintes reliques furent saluées par plusieurs décharges générales de l’artillerie. Monseigneur suivait les saintes reliques et la procession en ses habits pontificaux. Je n’aurais jamais

  1. — Relation de 1666, p. 1 — D’après le Journal des Jésuites, c’est le 13 et non le 3 août que ce service solennel fut célébré. Le Père Dablon fut l’orateur de la circonstance.