Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/193

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
JEAN TALON, INTENDANT

quait le précédent posé par l’intendant Talon en 1667, et le procureur général d’Auteuil essayait d’en détruire l’autorité en mentionnant la radiation de la procédure. Les amis de Frontenac s’efforcaient au contraire de démontrer la valeur du précédent. Écoutez Lamothe-Cadillac : « Il (M. d’Auteuil) veut faire voir que l’arrêt qui fut rendu sur la demande de M. Talon, pour lors intendant dans ce pays, n’a pas eu d’exécution. La chose ne se passa pas ainsi qu’il le raconte. Ceux qui savent l’histoire de ce temps-là en parlent autrement, et voici le fait. M. de Laval fit plusieurs tentatives à peu près comme celles qu’on veut aujourd’hui, dont le but a toujours été de prévaloir sur l’autorité du gouverneur. M. de Tracy, pour lors vice-roi du pays, voyait tranquillement le désir de cette élévation, et comme c’était un homme dévot il ne jugea pas à propos de prêter le collet à cette cohorte ecclésiastique dont la puissance était redoutable. M. Talon dans cette conjoncture fit paraître une plus forte résolution et risqua pour l’intérêt du roi de perdre son crédit et sa fortune. Il vit qu’il fallait étouffer cet orage dans son berceau, et enfin par ses remontrances et par ses soins il vit donner un arrêt favorable et tel qu’il se l’était proposé. M. de Laval voyant alors qu’il fallait rengainer et qu’on l’avait coupé à demi-vent, crut, suivant la politique de l’Église, qu’il fallait un temps plus favorable. Ayant donc mis armes bas, on tâcha de rajuster les affaires par l’entremise même de M. de Tracy, qui obtint de M. Talon, au jour de la réconciliation, que l’arrêt en question serait rayé et bâtonné, non pas pour le désapprouver ou pour l’avoir trouvé contraire à toute bonne justice, comme le veut persuader le procureur général, mais afin que