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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Dans cette même lettre, Colbert commençait à parler de la francisation des sauvages, dont il devait être si souvent question entre les ministres, les gouverneurs et les intendants. « Je vous avoue, disait-il, que j’ai jugé comme vous que l’on s’est fort peu soucié jusqu’ici de la police et de la vie civile en la Nouvelle-France, envers les Algonquins et les Hurons, qui sont, il y a longtemps, soumis à la domination du roi, en faisant peu d’efforts pour les détacher de leurs coutumes sauvages et les obliger à prendre les nôtres, et surtout à s’instruire dans notre langue, au lieu que pour avoir quelque commerce avec eux, nos Français ont été nécessités d’attirer ces peuples, surtout ceux qui ont embrassé le christianisme, dans le voisinage de nos habitations, et s’il se peut les y mêler, afin que par la succession du temps, n’ayant qu’une même loi et un même maître, ils ne fassent plus ainsi qu’un même peuple et un même sang[1]. »

Le 25 août 1667, Talon écrivait une première lettre à Colbert, en réponse à celle dont nous venons d’indiquer les principaux points. Il acceptait docilement la décision en vertu de laquelle il lui faudrait rester encore une année au Canada, en dépit de ses incommodités. Relativement à l’expédition contre les Iroquois, l’intendant disait que M. de Courcelle y était tout disposé ; mais les Agniers ayant donné des assurances positives de garder la paix, on avait cru plus sage de passer un traité avec eux. Remettant aux lettres et aux mémoires qu’il enverrait par les derniers vaisseaux des informations plus longues et plus complètes, Talon terminait comme suit : « Je vous remercie des grâces

  1. — Arch. féd., Canada, corresp. gén., vol. II.