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DE LA NOUVELLE-FRANCE

agréer ce dessein. Par son édit de création la compagnie des Indes Occidentales avait le monopole commercial. Sur les instances de Talon, elle s’en était d’abord relâchée et avait laissé le commerce libre. Mais elle recommençait à faire valoir ses prétentions. Le projet de compagnie canadienne ne fit guère de progrès ; Colbert, sans le décourager entièrement, ne s’empressa pas de le favoriser. En 1668, le Conseil écrivit à ce sujet au ministre une lettre dans laquelle il demandait la liberté du commerce, au nom des habitants du Canada. La compagnie, qui se l’était presque entièrement réservé cette année, avait exposé les habitants à manquer des denrées nécessaires parce que ses magasins n’en étaient point fournis. De plus elle vendait à des prix excessifs. Le pays souffrait d’un tel état de choses. Le Conseil ajoutait que si Colbert ne croyait pas devoir accorder la liberté du commerce à tout le monde, on le priait de vouloir bien au moins considérer favorablement le projet de compagnie qui lui avait été soumis l’année précédente. Dans toutes ces démarches le Conseil souverain était inspiré et dirigé par Talon, qui, dès le premier moment de son intendance, avait combattu le monopole de la compagnie des Indes Occidentales.

L’entente entre l’intendant et le conseil était complète. Cette compagnie lui donna un éclatant témoignage de sa confiance en ses lumières, de son respect pour sa personne et son autorité, lorsque, peu de jours avant le départ de M. de Tracy, le 20 août 1667, après que lecture eût été faite d’un extrait de la commission de Talon, elle ordonna que toutes les requêtes tendant à commencer quelque instance ou procès seraient pré-