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JEAN TALON, INTENDANT

stance il se livra même contre le Pape aux plus graves et aux plus inexcusables excès de parole. Nous citerons ici une page de l’Histoire de France de Sismondi :

« L’avocat-général Talon fut plus violent encore. Il ne se contenta pas d’insinuer que le Souverain-Pontife radotait, il voulut le faire passer pour hérétique ; il lui reprocha « de n’avoir cessé, depuis qu’il était assis sur la chaire de St-Pierre, d’entretenir commerce avec tous les jansénistes… » Il y avait d’autant plus de bassesse dans cette accusation que Talon lui-même, et le corps auquel il appartenait, étaient en secret attachés à ces opinions… Talon reprocha encore à Innocent XI son indulgence pour les quiétistes, qu’il avait cependant été le premier à condamner. Il lui reprocha « d’affecter de donner du dégoût à la France, dans les choses mêmes qui seraient très avantageuses au bien de la religion. » Le pape, en effet, n’avait pas approuvé les conversions forcées… Talon conclut à supplier le roi de conserver dans toute leur étendue les franchises des ambassadeurs, d’ordonner la tenue des conciles provinciaux ou nationaux, pour remédier aux désordres que produisait la vacance des évêchés ; de défendre enfin à ses sujets d’avoir aucun commerce avec Rome, et d’y envoyer aucun argent. Le parlement rendit un arrêt conforme à ces conclusions et il fut affiché dans tous les lieux publics[1]. »

Parlant d’Omer Talon, les Études, de Paris, disaient dans leur numéro du 5 février 1903 : « Ce fut un gal-

  1. Histoire des Français, par Sismondi, vol. XVIII, p. 106, édition de Bruxelles, 1842.