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JEAN TALON, INTENDANT

printemps de 1663, M. d’Avaugour, irrégulièrement et sans l’avis de son conseil, en donna le bail à dix-sept particuliers. Quelques mois plus tard, lorsque M. de Mésy eut remplacé M. d’Avaugour, ce bail fut annulé par le Conseil Souverain nouvellement créé, et la recette des droits ainsi que la traite de Tadoussac furent adjugées à M. Charles Aubert de la Chesnaye, après de très vives enchères. Enfin en 1665, la compagnie des Indes Occidentales, organisée l’année précédente, et prenant possession des droits de propriété et de seigneurie qui lui étaient concédés par ses lettres patentes, réclamait ces revenus comme siens. Au mois de juillet, le sieur Mille-Claude LeBarroys, agent général de la compagnie avait adressé au marquis de Tracy une requête dans laquelle il demandait l’autorisation de visiter et faire visiter les navires dans la rade, pour prévenir l’embarquement des pelleteries en fraude des droits ; et le lieutenant général y avait consenti[1].

Dans le passage plus haut cité, Talon soulevait deux questions. D’abord, la compagnie avait-elle droit de s’approprier ces revenus ? Et ensuite, si vraiment le roi avait eu la volonté de les lui abandonner, fallait-il lui permettre de fixer à un chiffre trop bas les charges qu’elle devait acquitter en retour ? Dès le début de son intendance, Talon montrait ses couleurs ; il ne dissimulait ni son peu d’enthousiasme pour la compagnie des Indes, ni son désir de fortifier le gouvernement et d’assurer à l’administration les moyens d’être efficace et progressive. La réponse de Colbert fut favorable à la compagnie, dont il avait été l’initiateur et dont il dési-

  1. Édits et Ordonnances, vol. I, p. 52.