Page:Chapais - Jean Talon, intendant de la Nouvelle-France (1665-1672), 1904.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
291
DE LA NOUVELLE-FRANCE

pays d’animaux domestiques. On nous a donné pour notre part deux belles cavales et un cheval tant pour la charrue que pour le charroi. » Pour un pays qui n’avait eu jusque là que des bœufs comme bêtes de somme, l’introduction des chevaux était un notable événement. En effet, durant les premières années de l’établissement de la Nouvelle-France, les seuls animaux de trait furent des bœufs, des vaches et des ânes.

Le Père Le Jeune écrivait dans la relation de 1634 : « Nous avons ici des bœufs et des vaches qui nous servent à labourer les terres défrichées. On a, cette année, amené quelques ânes qui rendent de très bons services. Les chevaux pourraient servir, mais rien ne presse d’en amener. » Trente ans plus tard, Pierre Boucher publiait les lignes suivantes dans son Histoire véritable et naturelle : « Y a-t-il des chevaux dans le pays ? Je réponds que non. N’y a-t-il pas de prairies pour faire du foin ? L’avoine n’y vient-elle pas bien ? Parfaitement bien et il y a de très belles prairies : mais il est assez dangereux d’avoir le foin, tant que les Iroquois feront la guerre, et surtout aux habitants des Trois-Rivières et de Montréal ; car les faucheurs et les feneurs sont toujours en danger d’être tués par ces Iroquois. Voilà la raison pourquoi on fait moins le foin. Mais il y a encore une autre raison qui empêche d’avoir des chevaux. C’est qu’il coûterait beaucoup pour les faire venir de France ; il y a peu de personnes qui aient de quoi faire ces dépenses ; et d’ailleurs on craint qu’étant venus, les Iroquois ne les tuent comme ils font de nos autres bestiaux, ce qui serait bien fâcheux à celui qui aurait fait la dépense de les faire venir. »

Les expéditions de chevaux se continuèrent jusqu’en