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JEAN TALON, INTENDANT

la subsistance desquelles ces messieurs ne s’épargnent pas. Nous avons vu cette année onze vaisseaux[1] mouillés à la rade de Québec, chargés de toutes sortes de biens. Nous avons vu prendre terre à un grand nombre tant d’hommes de travail que de filles qui peuplent notre colonie et augmentent nos campagnes. Nous voyons des troupeaux de moutons et bon nombre de chevaux, qui se nourrissent bien en ce pays, et y rendent de notables services. Et tout cela se faisant aux frais de Sa Majesté, nous oblige à reconnaître tous ces effets de la bonté royale, par des vœux et des prières, que nous adressons incessamment au ciel, et dont retentissent nos églises pour la prospérité de sa personne sacrée, à laquelle seule est due toute la gloire d’avoir mis ce pays en tel état, que si les choses continuent à proportion de ce qui s’est fait depuis deux ans, nous méconnaîtrons le Canada, et nous verrons nos forêts, qui sont déjà bien reculées, se changer en villes et en provinces, qui pourront un jour ressembler en quelque chose à celles de France. »

Le Père LeMercier, rédacteur de cette Relation, se réjouissait d’autant plus de cet heureux état de choses que les missions en recevaient un merveilleux développement. Avec la paix, les bourgades iroquoises s’étaient ouvertes aux apôtres de l’Évangile. Les Pères Frémin et Pierron étaient installés dans le canton d’Agnier, le Père Bruyas dans celui d’Onneyout. En 1668, le Père Frémin alla résider à Tsonnontouan, le P. Milet à

  1. — Voici les noms de quelques-uns de ces vaisseaux : L’Oranger, La Nouvelle-France, Le Saint-Sébastien, La Sainte-Catherine, Le Prophète Élie, Le Saint-Louis. (Journal des Jésuites, pp. 354 et suivantes).