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JEAN TALON, INTENDANT

Nous venons de faire allusion aux éducatrices qui eurent pour premier champ de leur zèle Villemarie et la région avoisinante. Nos lecteurs ont nommé avant nous la vénérable sœur Bourgeoys et ses coopératrices dans la Congrégation de Notre-Dame. La sœur Bourgeoys, qui était venue de France en 1653, avait commencé en 1657 à faire l’école aux enfants de Montréal. En 1659 elle fonda la communauté de la Congrégation, dont le but principal était l’instruction de la jeunesse. Les sœurs du nouvel institut firent d’abord la classe aux enfants des deux sexes. Mais en 1668, M. Souart, prêtre de St-Sulpice, se chargea de l’école des garçons. « Convaincu, a écrit M. l’abbé Faillon, que rien n’est plus nécessaire au bien de la société que l’éducation chrétienne des enfants, le séminaire de St-Sulpice attachait une si grande importance à inspirer dès le bas âge, à ceux de Villemarie, des sentiments de vertu et de religion, et à les former à des habitudes de politesse et d’honnêteté civiles, tout en leur apprenant les éléments des lettres, que, pendant une longue suite d’années, il aima mieux consacrer de ses prêtres à ce pénible ministère que de s’en décharger sur des étrangers[1]. »

Au triple point de vue intellectuel, religieux et matériel, la situation de la colonie était donc satisfaisante en 1668. Sans doute il y avait des ombres ; les désordres causés par la traite de l’eau-de-vie, les exemples fâcheux donnés par quelques-uns des officiers, des soldats, des trafiquants et des employés récemment arrivés de France, tempéraient un peu la joie que faisait

  1. — Faillon III, p. 264.