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JEAN TALON, INTENDANT

dait avoir été assailli par l’Iroquois ; il fallait donc que de part et d’autre on s’abstînt de toute hostilité. Le gouverneur appuya aussi chacune de ses paroles d’un présent. Son langage à la fois énergique et bienveillant fit sur les envoyés une impression profonde, et ils s’en retournèrent très satisfaits, emmenant avec eux les Pères Milet et de Carheil.

La première intendance de Talon touchait maintenant à son terme. À plusieurs reprises il avait demandé de retourner en France. Il avait spécialement insisté dans une lettre écrite à Colbert le 29 octobre 1667. Sa santé souffrait du climat canadien. Des intérêts de famille l’appelaient en France. De plus ses rapports quelque peu difficiles avec le gouverneur et avec le pouvoir spirituel lui faisaient désirer son départ, sauf à revenir après un intervalle, car il s’était attaché à son œuvre, et les circonstances que nous venons d’énumérer pouvaient seules l’engager à l’interrompre. Louis XIV et Colbert, entrant dans ses motifs, lui permirent de repasser en France. Le 8 avril 1668, M. de Bouteroue fut nommé pour le remplacer. Le 15 octobre suivant, il était arrivé à Québec, et à la séance du Conseil Souverain tenue le 22 de ce mois, sa commission fut lue et enregistrée.

Le Conseil ne voulut pas laisser partir Talon sans lui donner une marque extraordinaire d’honneur et de confiance. Il décida, le 5 novembre, qu’une lettre serait écrite « à Monseigneur Colbert, Conseiller du roi en tous ses conseils, contrôleur-général des finances, et grand trésorier des ordres de Sa Majesté en cour, dans la teneur ci-après :