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JEAN TALON, INTENDANT

militaire triomphante —, s’était terminée le 2 mai 1668 par le traité d’Aix-la-Chapelle, qui faisait passer sous la domination française une partie de la Flandre, avec des places comme Charleroi, Ath, Douai, Tournai, Oudenarde, Lille, Courtrai, etc. Le roi, qui était allé se former au « métier de la guerre » sous Turenne et Condé, était revenu à Saint-Germain après deux campagnes où la victoire avait constamment suivi ses pas, et pendant lesquelles l’Europe inquiète avait appris de quelle formidable puissance il disposait. En attendant de nouvelles entreprises, que plusieurs appelaient de leurs vœux, tout le monde jouissait des douceurs de la paix, et se laissait aller à l’enivrement des jours heureux que traversait la France. Les années qui s’écoulèrent de 1667 à 1672 furent probablement les plus belles et les plus sereines de tout le règne de Louis XIV. Le roi était jeune, laborieux, dévoué à sa tâche, avide de grandeur autant que de plaisir ; un incomparable cortège de généraux illustres et de ministres éminents l’entouraient et rehaussaient son prestige. Sa cour brillante et policée fixait les regards de l’Europe. Les lettres, l’éloquence et les arts semblaient rivaliser pour ajouter à l’éclat de ce radieux moment. Au lendemain d’Andromaque, Racine venait de donner les Plaideurs et préparait Britannicus[1]. Tout en s’éver-

    Bas, suivant la loi civile de ces provinces. Le droit sur lequel il fonda cette prétention s’appelait « le droit de dévolution. » Le roi de France réclamait aussi une partie de la Franche-Comté, en vertu d’une coutume spéciale.

  1. Andromaque avait été jouée le 17 novembre 1667, les Plaideurs à la fin d’octobre 1668, et Britannicus fut représenté le 13 décembre 1669.