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JEAN TALON, INTENDANT

ses fourrures. Vers le même temps les Outaouais, alliés des Français, attaquèrent un parti iroquois, tuèrent plusieurs hommes et firent un bon nombre de prisonniers. Les Iroquois, irrités de ces actes d’hostilité, menacèrent de se venger et de déterrer la hache de guerre. La Nouvelle-France était exposée à voir recommencer l’ère des massacres et des incursions sanglantes. M. de Courcelle ne négligea rien pour conjurer le péril. Il se rendit à Montréal, où plusieurs centaines d’Outaouais et une foule de sauvages de diverses nations étaient réunis pour la traite, et les ayant convoqués dans une grande assemblée, il les harangua, par le truchement du Père Chaumonot, « avec tant de bonheur, selon le génie de ces peuples, que moyennant des présents pour ressusciter les morts, essuyer les larmes, aplanir les chemins et les difficultés du commerce, tout fut apaisé de part et d’autre, et les traités de paix renouvelés[1]. » Les Outaouais rendirent trois de leurs captifs, et promirent d’en rendre encore douze. Et quant aux trois assassins du chef tsonnontouan, M. de Courcelle les fit fusiller en présence des sauvages assemblés, afin de montrer à ces derniers que la justice française n’était ni boiteuse ni hésitante. Les Iroquois furent surpris qu’on fît mourir trois hommes lorsqu’un seul avait été assassiné. Cette exécution eut lieu le 6 juillet 1669[2]. Elle produisit une profonde impression et contribua puissamment à maintenir la paix. Le danger de voir renaître les hostilités avait été tellement grand, que Mgr  de Laval avait cru devoir recommander des prières publiques.

Au printemps de cette même année 1669, le roi avait

  1. Lettres de la M. de l’Incarnation, II, p. 440.
  2. — Faillon, III, p. 324.