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DE LA NOUVELLE-FRANCE

mère de l’Incarnation : « Voilà le sujet de nos inquiétudes au regard de M. Talon, dans lequel le pays ferait une perte irréparable s’il avait fait naufrage, parce que le roi lui ayant donné tout pouvoir, il fait de grandes entreprises sans craindre la dépense. » Patoulet, le dévoué secrétaire de Talon, parti de France par un autre navire que son chef, et arrivé heureusement à Québec, écrivait à Colbert : « S’il lui était arrivé un plus funeste accident, Sa Majesté aura perdu un bon sujet, vous, Monseigneur, un fidèle serviteur, le Canada un père qui le chérit, et moi un bon maître[1]. »

Cependant plusieurs navires parvinrent sans encombre à Québec. Les cent cinquante filles du roi arrivèrent à bord d’un vaisseau parti du Havre[2]. C’était madame Bourdon, veuve du procureur-général, qui, revenant de France, en avait accepté la direction durant le voyage. Elles lui donnèrent assez d’exercice, car la traversée fut longue, il y en avait de toutes les conditions, et quelques-unes se trouvèrent difficiles à conduire. Peu de temps auparavant un navire de La Rochelle avait mouillé à Québec, chargé d’hommes, de filles et de familles formées. Plusieurs capitaines et autres officiers étaient aussi arrivés pour s’établir[3] ainsi que 225 immigrants dont 80 engagés, embarqués à La Rochelle[4]. Onze cavales et deux étalons furent débarqués cet automne à

  1. Patoulet à Colbert, 11 nov. 1669 ; Arch. féd., Canada, corr. gén., vol. III.
  2. — L’une d’elles mourut en mer. (Patoulet à Colbert, 11 nov. 1669).
  3. — Lettres de la M. de l'Incarnation, II, p. 435.
  4. — L’arrivée de ces 225 immigrants était mentionnée par M. Patoulet, dans sa lettre à Colbert, du 11 novembre 1669.