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DE LA NOUVELLE-FRANCE

Sa nièce resta cette fois en France. La traversée fut longue ; l’intendant arriva à Québec au bout de trois mois seulement. Et il faillit encore faire naufrage, non pas sur l’Océan, mais presque au terme du voyage, près de Tadoussac. Un ouragan jeta le vaisseau entre des rochers où il se trouva serré comme dans un étau et faillit être broyé. Heureusement la marée montante le dégagea sans avaries. Il jeta l’ancre devant Québec le 18 août 1670[1].

Talon fut accueilli avec la joie la plus vive. Le Père LeMercier écrivit dans la Relation de cette année : « Monsieur Talon, notre intendant, est enfin arrivé ici heureusement, ayant quasi fait naufrage au port, plus dangereusement que ne fut le naufrage qu’il fit l’année précédente au port de Lisbonne en Portugal. Ce fut ici vers Tadoussac où son vaisseau échoua sur une roche dont il ne put se retirer que par un secours extraordinaire du Ciel que sainte Anne lui procura. On peut dire que la joie que son heureuse arrivée nous a donnée à tous n’a pas été moindre que la crainte et la consternation universelle où la nouvelle de ses naufrages nous avait jetés. »

Un an et neuf mois environ s’étaient écoulés depuis son départ du Canada et la fin de sa première intendance.



  1. — Lettre de Talon à Colbert, 29 août 1670. — Arch. féd., Canada, correspondance générale, vol. III.