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DE LA NOUVELLE-FRANCE

voisin de la Nouvelle-Suède. Talon se demandait s’il ne serait pas plus sage de prévenir les Iroquois en allant encore les attaquer chez eux. Cependant, après réflexion, il exprimait l’espoir que les postes proposés, au nord et au sud du lac Ontario, ainsi que la galère projetée, leur donneraient assez de crainte pour les contenir. De tout ce qui précède on doit conclure qu’à Talon revient l’idée première de construire un ou plusieurs forts sur les rives de l’Ontario, et d’établir une marine française sur ce lac si vaste et d’une si grande importance stratégique. Katarakoui[1], Niagara et les petits vaisseaux de guerre qui sillonnèrent le lac au dix-huitième siècle, naquirent de cette pensée,

Louis XIV et Colbert, malgré toute la faveur dont Talon jouissait auprès d’eux, semblèrent trouver que, dans son projet, il attribuait à M. de Courcelle un rôle trop sacrifié. Le ministre écrivit à l’intendant : « À l’égard de la proposition que vous faites de lever cent soldats et de faire construire une espèce de galère pour assurer le lac Ontario, Sa Majesté n’a pas estimé qu’il fût nécessaire de nouvelles troupes pour cela ; elle désire seulement que vous communiquiez cette pensée à M. de Courcelle et qu’il l’exécute, si vous trouvez en effet qu’il en puisse revenir quelque avantage à son service et aux nations sauvages auxquelles elle a accordé la paix[2]. »

Cependant les Tsonnontouans avaient trouvé bien dures les paroles de M. de Courcelle menaçant de les traiter comme des perturbateurs de la paix, s’ils ne ren-

  1. — C’était le nom sauvage du lieu qui s’appela plus tard Frontenac, et où s’élève aujourd’hui la ville de Kingston.
  2. Lettres, Instructions, etc., 3, II, p. 515.