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JEAN TALON, INTENDANT

La brasserie, qu’il avait fait commencer en 1668, était terminée. « Elle est achevée, disait l’intendant dans le même mémoire, de manière qu’outre le logement qu’elle peut donner aux charpentiers de l’atelier (de marine) duquel elle est proche, en attendant qu’il lui en soit bâti, elle peut fournir deux mille barriques de bière pour les Antilles, si elles en peuvent consommer autant, et en travailler autres deux milles pour l’usage du Canada[1], ce qui donnera lieu à la consommation de plus de 12,000 minots de grains par chaque année, les quatre minots faisant le septier de Paris, au bénéfice et au soulagement des laboureurs. Pour accompagner cet ouvrage public de son nécessaire, j’ai fait planter et cultiver dans la terre des Islets 6,000 perches de houblon qui produisent du fruit autant abondamment et d’aussi bonne qualité que celui des houblonnières de Flandre. » Au témoignage de Frontenac, en 1672, dans la construction de la brasserie l’intendant avait « joint la magnificence à la commodité[2]. »

Dans son mémoire du 2 novembre 1671, Talon annonçait que le tabac se cultivait et mûrissait bien au Canada. « Si le roi, ajoutait-il, ne trouve pas d’inconvénient d’en souffrir ici la culture à cause que les Antilles en fournissent, je porterai les habitants à le

  1. — Cette bière se vendait 25 livres la barrique. (Lettre de Frontenac, 2 nov. 1672).
  2. Ibid. — Malheureusement cette brasserie ne fut pas longtemps en opération. Vers 1675 on cessa d’y faire de la bière, parce que les fermiers des droits firent venir une grande quantité de vins et d’eau-de-vie que les habitants préférèrent. (Duchesneau, Inventaire des propriétés que M. Talon possède au Canada) 13 novembre 1680). C’était précisément ce que Talon avait voulu éviter.