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JEAN TALON, INTENDANT

mieux et usait moins le linge que les soudes d’Alicante et des côtes d’Espagne, et elle était d’une moindre dépense. Par son privilège il avait droit à dix sous par tonneau de potasse, et sa production était admise en France comme si elle eut été fabriquée pour le royaume.[1] Follin se rendit dans la colonie, et Talon le seconda de tout son pouvoir en mettant à sa disposition les constructions et les fonds nécessaires. Les cendres de nos bois se trouvèrent d’excellente qualité. L’intendant écrivait, le 11 novembre 1671 : « J’apprends seulement aujourd’hui par une barrique de potasse et une barrique de savon mol que l’entreprise du sieur Follin a eu le succès qu’il avait promis, et je juge qu’il y a lieu d’espérer qu’on fournira de l’Acadie et d’ici une partie nécessaire à la France, puisqu’en cette matière les Moscovites cessent de faire leur commerce avec nous par l’entremise des Hollandais. » Après que les premières expériences eurent réussi, Colbert écrivait au sieur Follin : « J’ai été bien aise d’apprendre que vous ayez trouvé les cendres de la Nouvelle-France, non seulement de la qualité nécessaire pour bien faire la potasse, mais même à un prix raisonnable… Comme M. Talon a fait faire tous les bâtiments dont vous avez besoin et qu’il vous a laissé des fonds suffisamment pour faire travailler pendant cette année, je m’assure que par le retour des vaisseaux qui viendront cet hiver, vous enverrez au moins cinq ou six cents milliers de cette marchandise, et qu’ainsi vous exciterez les intéressés à cette manufacture à augmenter le fonds qu’ils ont fait pour cet

  1. Supplément-Richard, p. 242 ; Jugements du Conseil Souverain, I, p. 664.